Richard Tauber fut un des plus imminents ténors dans les années 30 et connu une popularité sans égale. Il fut interprète lyrique, joua des films, composa des opérettes et écrivit des films dont il fut parfois la vedette.
Son étendue vocale et très musicale lui permit d’aborder tous les registres de ténor : de l’opéra Wagnérien à la mélodies italiennes. Il fut l’interprète idéal de l’opérette viennoise où ses qualités de ténor léger faisaient des miracles. Il fut le 1er Calaf (Turandot) en Allemagne.
Il est né le 16 mai 1892 à Linz en Autriche sous le nom de Richard-Ernst Seiffert (baptisé Richard Denemy nom de jeune fille de sa mère). Tauber étant le nom de son vrai père. Son père est directeur de théâtre lyrique.
Montrant des dispositions particulières pour la composition et le chant lyrique il entra dans le conservatoire de Fribourg et sorti avec plusieurs prix. A la suite de quoi il débuta à 19 ans à Chemnitz dans le rôle de Tamino de La Flûte enchantée.
En 1913, à Dresde, il remplace au pied levé le ténor Slézak. C’est l’ovation. Le répertoire de Mozart dans la bouche de Tauber fait des miracles.
Sa renommée grandissante le fait partir sur les scènes d’Angleterre et aux USA. Il rencontre le compositeur Franz Léhàr, qui fut capitale dans la carrière du ténor. Tauber et Lehàr se lient d’amitié. Le compositeur écrit spécialement des partitions pour Tauber. C’est la consécration de l’art de Tauber qui devient l’interprète rêvé de Lehàr. Son timbre si particulier et incomparable avec aucun autre le sacre Prince de l’opérette Viennoise. Il triomphe dans Le Tzarévitch, Paganini, Frasquita, La veuve joyeuse et surtout il reste l’inoubliable interprète dans le Pays du Sourire (qu’il créa à Berlin en 1929 puis à Londres en 1934). Notons qu’il chantait parfaitement français, italien, anglais, etc.
A l’annonce de la seconde guerre mondiale, il fuira l’Allemagne pour se réfugier en Angleterre où il y fut naturalisé.
Vers la fin de sa vie, il fit un AVC se qui le laissera paralysé d’un bras. Passionné par la direction d’orchestre cela ne l’empêcha pas de diriger de nombreuses œuvres sur scènes ou pour la BBC ; il lui arrivait de diriger l’orchestre et de chanter à la fois. C’est ainsi qu’il jouera Ottavio pour ses adieux au Covent Garden de Londres en 1947.
Après une autre attaque, Tauber décède à Londres le 8 janvier 1948.
Tauber avait épousé la cantatrice Carlotta Vanconti avec qui il enregistra quelques faces 78 tours. Le couple ne semble pas avoir eu de descendant.
Ce qui caractérise Tauber, c’est cette voix reconnaissable entre toutes, chaudes et rondes comme un baryton avec cette diction percutante, qui irrite ou qui vous prend. On l'aime ou on la déteste.
Son phrasé est très musical, nous rappelle qu'il était avant tout un musicien jusque dans l'âme.
Bonne écoute.
Samuel Marc
PS : la face précédente fut publiée par Columbia dans un album consacré à un cycle Schubert à l'occasion de son centenaire 1828-1928. Bien que les enregistrements sont allemands (studio Odéon de Berlin), l'album comportant 6 disques fut publié aux U.S.A ("Masterworks set NO.90")
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Ce disque montre le lien étroit qui existait entre les différentes marques Odéon, Parlophone et Decca. Chez Odéon le suffixe de la matrice "Be" indiquait que l'enregistrement provenait des studios de Berlin (ainsi : Ki pour Paris, Sto pour Stokolm etc).