Un peu d'histoire : Au début de l'enregistrements, quelques chanteurs comme Charlus, Mercadier, Rollini, Bergeret, Boyer, Mary-Boyer, Vallade et Maréchal étaient capables d'enregistrer "à la pièce" des chansons durant toute une journée... A cette époque, il n'y avait pas de "copie" possible et il fallait enregistrer autant de fois que l'on désirait obtenir de cylindres. Certains fabriquants désireux de se faire une belle fortune sur le dos des chanteurs dupliquaient eux même avec un moyen rudimentaire : un tuyau ! Explication : d'un côté un phonographe enregistreur et de l'autre un phonographe reproducteur : entre deux le tuyau "faisait basculer" le son sur l'autre cylindre vierge ! la copie était faite, certe moins bonne que l'originale. C'est pour cela que Charlus et Maréchal proposèrent des cylindres "originaux" ou "direct" à la vente (photo reproduite ci-contre). Nos deux compèrent passaient leur temps à enregistrer.... c'était peut-être ça "Faire un tube" ?....

Alexis Boyer est né à Cazouls dans l'Hérault en 1876. Après avoir fait le Conservatoire de Toulouse, il se présente à celui de Paris. Il en ressortira en 1895 avec plusieurs premiers prix. Il est engagé de suite à l'Opéra-Comique où il interprète le Maître de Chapelle et Manon (rôle de Brétigny).

En 1895, Charles et Emile Pathé à la recherche d'artistes lyriques pour établir le premier catalogue de cylindres français lui demande de graver son répertoire en incluant les mélodies à la mode telles Pensée d'automne de Massenet, Pauvres fous de Tagliafico ou encore les Vieilles de chez nous et la Voix des chênes (les premiers cylindres ne font pas toujours mention de son nom et d'ailleurs les interprètes sont "anonymes" dans les premiers catalogues).

Il interprète également des duos populaires des Mireille, Dragons de Villars, Miss Helyett (etc) avec pour partenaires Mary Boyer, Gautier.

Baryton très apprécié pour son timbre chaleureux et agréable, il chantera jusqu'à la Monnaie de Bruxelles où il sera couronné de succès. Sa carrière semble s'arrêter vers 1910.

Artiste à la voix véritablement "phonogénique" il enregistra plus de 400 cylindres et faces de disques pour quantité de marques différentes : Gramophone, Odéon, Pathé, Dutreih (1904), Eden, Edison (1905), Excelsior, Phrynis (1907) etc...

Maréchal possédait une voix de baryton ronde, chaude et robuste ! Il était capable de tout interprèter excepté l'Opéra. Comme il était difficile et couteux de faire venir des artistes tels que Paulus, Bruant ou encore Delmet chez Pathé, on confia à Maréchal le rôle de "l'interprète à toutes les sauces". Il grava tous les styles : tyroliennes, romances, chansonnettes, opérettes, opéra-comique etc.... pour quantité de marques ; Odéon, Lioret, Dutreih, Pathé, Gramophone (Berliner), Columbia, etc. Il enregistra alors tous les succès du jour de Kamhill, Fragson, Paulus, Brabant, Dranem, Polin et biensur ceux de Mercadier, dont on pourrait croire qu'il était une copie. L'amateur de phonographe se fichait sans doute de savoir qui interprétait le dernier succès de Mercadier. Les boites de cylindres Pathé indiquaient en gros "REPERTOIRE MERCADIER" et en plus petit "Interprété par Maréchal".

Qui a fait le succès de Maréchal ? - Est-ce le phonographe ? Car en dépit des studios, on sait seulement qu'il chantait à l'Eden-Concert et durant les "Soirées classiques" de l'Eldorado qui avaient lieux tous les vendredis.

On constate qu'il enregistra dès 1896 jusqu'en 1914 environ. Au delà de cette date, je ne relève plus de nouveaux enregistrements. Comme de nombreux interprètes, les premiers cylindres de cire blonde et brune ne font pas mentions de son nom mais il est reconnaissable. Figure ci-contre, le message qu'il a adressé à Pathé dans le catalogue de 1904.

Les partenaires de Maréchal au phono sont Charlus avec lequel il joue le comique militaire Duffignard et groslardon ; il cotoit Mme Rollini des Folies-Bergère avec qui il chante la tyrolienne et plus étonnant sont les cylindres de chansons célèbres comme Colinette et Corbleu Marion qu'il enregistre avec la grande artiste Anna Thibaud ! 

Pour ma part, j'aime les romances qu'il interprète souvent avec goût et sentiment, je me souviens de celle écrite par Goublier dont le refrain était :

On se rit d'une folle ivresse,

On oublie un jour sa maîtresse,

On brûle ses lettres d'amour,

Mais de sa Mère .... Mais de sa Mère, on se souvient toujours !...

Je l'aime bien également dans ses duos comiques avec Charlus où ses refrains font merveilles, je pense particulièrement à Gendre & Belle-maman. Je trouve qu'il est très bon aussi dans les chansonnettes telles La Kraquette, Ah ! les p'tits pois, la Coquille ....

Bon j'ai assez parlé.... écoutons-le !