André Baugé,

 

Prince de l'Opérette.

 

 

 

Collection de l'auteur
Collection de l'auteur

 

 

S’il y a un nom a retenir plus que d'autres dans l’histoire de l’opérette française c’est bien celui d’André BAUGÉ. Il paraît même étonnant que aucun livre sur ce personnage emblématique de la (bonne) opérette française n'ait été publié encore aujourd'hui.

 

Ce « baryton martin » à la voix solide interprétera tout d’abord le répertoire d’opéras et d’opéra-comique, avant de se tourner dans les années 30 vers l’opérette et le cinéma lui assurant un succès foudroyant jusqu’à la fin de sa carrière. Sa voix très caractéristique du baryton-martin, ronde et chaude fera les beaux jours des théâtres français et du phonographe !

Celui qui fut parfois surnommé le baryton de l’entre-deux-guerre connaîtra grâce à sa longue et diversifiée carrière une gloire incroyable avec juste un seul poumon…voilà pour l’anecdote !…

 

André Baugé incarne véritablement le Prince de l’Opérette Française.

 

André Baugé naît 5 rue Caffarelli à Toulouse le 1er avril 1893. Bien que fils de la célèbre diva d’opérette, Anne Tariol-Baugé (vous rendre à sa biographie) et malgré des dispositions précoces pour le chant, rien ne le destine à une carrière de chanteur puisqu’il veut être peintre. Son père, sculpteur l’initie à l’art. André fait alors les Beaux-Arts de Paris et à 18 ans expose à la Société des Artistes Français.

 

 

Mais finalement il veut aussi être chanteur et malgré les réticences de sa mère, il entreprend des études de chant.

 

Baugé dans le Barbier (coll. SM)
Baugé dans le Barbier (coll. SM)

Il débute sous le pseudonyme d’André Grillaud à Fécamp puis part à Grenoble pour une saison. Il joue Vitellius de Hérodiade, Joquelet du Grand Mogol et dans Gillette de Narbonne. Il y connaît le véritable tournant de sa carrière ; ses notes aiguës franches et claires lui valent un succès décisif. Resté à Grenoble, il alterne l’opéra et l’opéra-comique, il se voit offrir son premier grand rôle important ; celui de Figaro dans le Barbier de Séville. Rôle fétiche qui déterminera sa carrière et qu’il gardera tout au long de cette dernière. Ensuite vient un grand nombre d’engagements.

 

Et puis vint la grande guerre l’obligeant a rejoindre le 2ème RIC de Brest. Il est lieutenant lorsqu’en 1917, ayant été gazé sur le front il est réformé.

 

Baugé Père et Fils reviennent tous les deux décorés de la Légion d’Honneur.

Alors qu’André est encore convalescent, il débute avec un seul poumon à l’Opéra-Comique le 1er avril 1917 dans le rôle de Frédéric de Lakmé. Il y restera pensionnaire jusqu’en 1925 chantant tout le répertoire et reprenant avec un vif succès La Basoche, Marouf, etc.., et créa notamment Masques et Bergamasques (G. Fauré). L’Opéra-Comique ne lui fut qu’un tremplin pour conquérir la salle de l’Opéra Garnier. Il est désigné pour chanter Marouf et La Traviata (rôle de Rodolphe). Il crée Monsieur Beaucaire et Venise.

Ensuite il passe dans différents théâtres où il triomphe véritablement et se fait connaître par un plus vaste publique dans les opérettes : à la Porte Saint-Martin, au Théâtre Marigny (Monsieur Beaucaire, Ciboulette avec Edmée Favart le 2 octobre 1926), au Trianon-Lyrique (où il fut le directeur pendant un temps), à la Gaiété (création de Paganini), aux Folies-Wagram (création de l’Orloff et de Térésina), au Châtelet (création de Nina-Rosa), à Mogador où en 1942, il chantera avec sa mère pour la reprise de Véronique. Il fut l’interprète et très souvent le créateur de nombreuses œuvres dont plusieurs furent écrites spécialement pour lui : Valses de Vienne, Nina-Rosa, Roses de France….

 

 

André Baugé n’hésite pas à écrire lui-même des paroles sur des musiques qu’on lui confie ; on lui doit quelques adaptations françaises comme notamment Le jardin du souvenir (A garden in the rain de Carroll Gibbons) et il fut également l’auteur et le créateur d’une opérette : Vouvray. La musique fut composée par Rodolphe Hermann.

 

Programme du Cinéma Sélect de Rouen
Programme du Cinéma Sélect de Rouen

 

 

Il tourne également dans de nombreux films, alors que ces derniers sont les premiers parlants (ou chantant !) : La Route est belle (1929), Tango d’amour (9/1930), Un caprice de la Pompadour (1931), La Ronde des Heures (fév. 1931), Rêve de Vienne (ou Das lied ist aus) (janvier 1932), Pour un sou d’amour (février 1932), Le roman d’un jeune homme pauvre, L’Ange gardien (1934), puis les opérettes filmés, La fille de Madame Angot (avec D. Brégis et Aquistapace, Octobre 1935), Le Barbier de Séville.

 

Dès 1919, il s’adonne sans égal à l’enregistrement de ses succès sur disques GRAMOPHONE. Mais finalement, il se tourne vers PATHE où il restera fidèle jusqu’à la fin de sa carrière, devenant un chanteur pilier de la firme avec Villabella et Vallin. Il connut ses disques publiés à la fois en version saphir et aiguille et il fut un des premiers chanteurs à graver sur la série PATHÉ-ART. Sa discographie est importante.

Collection de l'auteur
Collection de l'auteur

 

Après la période des années sombres de la 2ème guerre mondiale, où Baugé lui-même demeure silencieux sur ses prises de positions politiques, pourtant le fait d’avoir découvert ce petit format (reproduit ci-contre) ne laisse aucun doute sur son parti prit : la partition est dédiée au Maréchal Pétain…. il fait ses Adieux en 1946 pour se consacrer à l’enseignement ; il sera nommé professeur de « phonologie » au Conservatoire de Paris. Il sera Président de la Fédération des Combattants du Spectacle, Président de l’Association des Artistes Lyriques Anciens Combattants.

André Baugé eut plusieurs femmes dont entre autre les sopranos Suzanne Laydeker et Lucienne Gros.

Très attaché au pays de la Loire, il fait une toute dernière apparition au Théâtre municipal d’Angers en février 1966 dans Valses de Vienne avec sa fille, Alick Baugé

 

André Baugé meurt à l’hôpital Beaujon de Paris, des suites d’une congestion pulmonaire au matin du 25 mai 1966. Il est enterré à Montlivault dans le caveau Riveau-Laydeker-Baugé.

 

Samuel Marc 

 

 

 

 

 

 

Ecoutez André Baugé :

 

 

La Mascotte : Un jour le Diable ivre d'orgueil
Gramophone P402 (S221810)
19.5.1921
Archives sonores Samuel Marc.mp3
Fichier Audio MP3 2.9 MB
Si j'étais roi : Dans le sommeil
Gramophone P447 (BE266)
Archives sonores Samuel Marc.mp3
Fichier Audio MP3 3.0 MB
Ciboulette : Nous avons fait un beau voyage
Avec Edmée Favart
Pathé actuelle X.2608 (N201655-1)
Archives sonores Samuel Marc.mp3
Fichier Audio MP3 1.9 MB
Les petites Alliées (film Les petites Alliées)
Avec Ray Ventura & ses Collégiens
Pathé PA.932 (CPT 2693-1) [M3-85027]
Archives sonores Samuel Marc.mp3
Fichier Audio MP3 2.7 MB
Pour elle (opérette Au temps des Merveilleuses)
Pathé PA470 (CPT 1714-1) [M3-78781]
Archives sonores Samuel Marc.mp3
Fichier Audio MP3 2.2 MB