Edmond Julien Louis Tirmont est né à Abbeville le 11 août 1884. Nous ne savons rien de sa vocation musicale, simplement qu'il commença par faire ses premières armes musicales dans sa ville natale.

Il "monte" ensuite à Paris et suit des cours de chant privé avec l'illustre chanteuse Rose Caron. Il se présente ensuite au Conservatoire de Paris en 1906 et y est admis. Il a pour professeurs Léon Melchissédec et Georges Imbart de la Tour, rien que ça ! 

Il remporte en 1909, un premier accessit d'opéra-comique. Après ce triste résultat, Tirmont persévère et au concours de 1910 il chante Adelaïde de Beethoven et un air de Julien dans Louise.

Puis après avoir donné la réplique dans la scène de la prison de Faust à une candidate au concours, Tirmont déclara forfait, tellement il avait un trac fou. Il balbutia qu'il avait une aphonie subite et parti sans même attendre le résultat. Il n'eut donc pas de premier prix d'opéra. Il remporta seulement et triomphalement une première médaille de solfège, un premier prix de chant et un premier prix d'opéra-comique [Cette année-là, au Concours, il y avait Germaine Lubin, les ténors Fontaine et Capitaine et les barytons Elain et Cousinou, etc].

S'en suit ensuite un engagement à l'Opéra-Comique et il débute en novembre 1910 dans le rôle titre de Joseph de Méhul.

Un journaliste de la Revue "MUSICA" rapporte : "M. Tirmont jeune premiers prix des concours du Conservatoire, fit, à cette occasion, d'excellents débuts. Sa voix est charmante. Sa joliesse ne constitue pas la seule qualité de M. Tirmont. Il convient au contraire, de réserver une place toute spéciale à ce nouveau chanteur. Grande est son intelligence, non seulement musicale, mais encore littéraire ; il en résulte que le style de M. Tirmont est parfait. C'est-à-dire que le jeune pensionnaire de l'Opéra-Comique aborde la carrière lyrique avec d'exceptionnelles chances d'y réussir".

En effet, le journaliste ne s'y trompait pas, Edmond Tirmont fera de beaux et grands jours à l'Opéra-Comique en interprétant le répertoire : Lakmé, Mignon, Louise, La Traviata etc. Il passera également au Théâtre des Champs-Elysées, où il créera le rôle de Antinoüs dans l'adaptation française de Boris Godounow. Il participe à la reprise du Chemineau  à la Gaîté-Lyrique (rôle de Toinet) en 1913. La même année, il se produit au Théâtre des Célestins de Lyon avec Alice de Tender pour y créer une opérette anglaise Quaker Girl. 

La carrière de E. Tirmont fut quelque peu stoppée à l'arrivée de la seconde guerre mondiale. Malgré tout, il se produira à l'Opéra de Lyon en 1916.

Après la guerre, il aura du mal à retrouver sa place dans les salles lyriques. Il s'essaye aux Bouffes Parisiens (du 22.12.1923 au 2.3.1924) dans le rôle de Georges dans l'opérette de la La Dame en décolletée de Maurice Yvain. Malgré d'impressionnantes stars de la chanson et de l'opérette comme Dranem (et sa femme Suzette O'NIL), Jean Gabin et Lucien Baroux, le succès attendu ne sera pas au rendez-vous. E. Tirmont repartira à ses premières amours et se produira tout de même jusque vers 1930. On le retrouve à l'opéra de Tours pour la saison 1933-1934 pour chanter L'auberge du cheval blanc.

A la fin de sa carrière, il se retire pour donner des cours de chants et consacre son temps à la direction du Théâtre de Saint-Quentin.

Ce ténor à la voix très stylée et aux éclatants aigus enregistrera pour notre plus grand plaisir des airs d'opéra, d'opérettes.

En effet dès 1911, il enregistra pour Pathé, pour Gramophone (sous le pseudonyme de Max Doria), Salabert (enregistrements Pathé). Il excellait également dans la mélodie et la romance comme le prouve les enregistrements tirées de nos archives. De 1920 à 1932, on retrouve son nom sur de petites marques de disques comme la marque Discoflex, Phonodibel (disques souples principalement éditée pour les enfants).

Le chant ... une histoire de famille : Edmond Tirmont s'éteindra à l'âge de 101 ans après avoir transmit à son fils Dominique l'amour du chant et de la scène, qui lui même le transmettra à sa fille, Frédérique.

Dominique Tirmont (1923-2002) embrassa principalement une carrière dans l'opérette, et, on se souvient de lui également pour ses différents passages dans l'émission de Pascal Sevran "La Chance aux chansons".

Samuel MARC

Anecdotes (bonus) :

• On lui disait régulièrement après un concert : "Bravo vous avez bien chanté, je vous TIRMONT chapeau".
• Les chanteurs lyriques n'étaient pas toujours bien vu de la part des directeurs qui les employaient lorsqu'ils chantaient de la "chanson" et choisissaient donc un pseudonyme pour ne pas être reconnus. C'est le cas, semble-t-il pour Edmond Tirmont qui enregistra de la romance sous le pseudonyme de Max Doria ; il existe aussi des problèmes d'engagements, dans certains cas où un chanteur avait un contrat d'exclusivité avec une maison d'enregistrement, il enregistrait sous un autre nom. C'est ainsi que l'on voit par exemple la basse Ernest Dupré chez Pathé et Pierre Dupré chez Odéon alors qu'il s'agit du même chanteur... on ne pouvait donc pas leur intenter un procès !

• En 1914, E. Tirmont habitait au 30 rue Desrenaudes à Paris et son téléphone était "Wagram 03.34"